JUILLET l590.                                   6*9
les ânes, les chiens, les rats, les os des morts, dont on avoit fait de la poussière plutôt que de la farine, voire des pierres d'ardoise, qu'on piloit et qu'on avaloit dans de l'eau. Mais les royalistes ont tiré sur eux, et peu sont revenus sains et sauves. Il n'y a que ceux qui ayant des hardes les ont troquées avec du pain, du vin et autres vivres, que les soldats touchés de com­passion ont favorisé; encore étoient-Us en très - petit nombre.
Dans le même*temps, un grand nombre de bour­geois et autres, dont la plûpart étoient armés, se sont présentés au palais demandant du pain ou la paix, Les gouverneurs, leur ont parlé amiablement et douce­ment, leur donnant esperance qu'ils auroient en peu de tout.
Dans le même temps, le nommé Gois, capitaine de quartier, y est accouru, cuidant par belles paroles les appaiser; mais un d'entre eux, nommé Germain, lui a taché un grand coup de coutelas sur l'épaule.
A ce bruit est accouru le chevalier d'Aumale, qui a fait fermer les portes du palais, et fait enfermer une partie de ces gens, qu'on dit être d'accord avec le roy de Navarre, qui pour cette émotion leur a fait promettre du pain.
Le lundy trentieme jour du mois de juillet, M. de Nemours, sortant ce matin sa maison pour aller visiter quelque poste vers les murailles de la ville, a rencontré un homme qui d'un air effrayé lui a dit: « Où allez-vous, M. le gouverneur? N'allez plus outre « dans cette ruë; j'en viens, et ai trouvé une femme « demi-morte, ayant.à son col un gros serpent entor-a tille, et autour d'elle plusieurs bêtes envenimées. »
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